Sunday, December 21, 2008

***Sarkozy reproche à ses ministres leurs «états d'âme»***

***Le chef de l'État a annoncé qu'il procéderait à des « ajustements » dans le gouvernement « dans l'hiver ou au printemps ».

POUR le dernier conseil des ministres de l'année, Nicolas Sarkozy n'a pas fait de cadeau à son gouvernement. Tous présents, secrétaires d'État compris, à la demande expresse du chef de l'État, le premier ministre et les trente-huit membres de l'équipe gouvernementale ont d'abord essuyé un sévère rappel à l'ordre. « Il y a beaucoup de souffrance dans le pays. J'étais hier dans les Vosges. J'ai visité une scierie. J'ai vu des ouvriers qui travaillent dur. La vie n'est pas facile pour eux. Alors les échos des algarades des ministres, c'est franchement gênant et même ridicule ! », a-t-il lancé dans le huis clos du salon Murat.

« Le président était chaud bouillant », rapporte un participant. Le chef de l'État, qui a pris longuement la parole en début de Conseil, a réclamé « unité, solidarité et détermination » à ses ministres. Puis, il a averti sur un ton à la fois « ferme et menaçant », selon un témoin : « Je n'accepterai plus à l'avenir d'entendre les états d'âmes des ministres. » Préoccupé par la crise économique et sociale, Sarkozy a ensuite donné la parole à Patrick Devedjian pour présenter les détails du plan de relance de l'économie. Thème unique de ce Conseil des ministres exceptionnel, le second en une semaine.

Dans son coup de gueule, Sarkozy n'a nommé aucun ministre. Mais tout le monde a compris qu'il n'avait pas apprécié les règlements de comptes des derniers jours entre Rama Yade et Bernard Kouchner, ni les critiques de Nadine Morano. La secrétaire d'État à la Famille avait estimé, mercredi, que la « diversité » ne devait pas être un « bouclier » pour les ministres. L'ancien ministre et actuel secrétaire général adjoint de l'UMP Christian Estrosi avait joint sa voix aux critiques anti-Yade : « Elle existe parce que Nicolas Sarkozy l'a fabriquée ! » Une déclaration qui a mis le feu aux poudres. La secrétaire d'État jugeant ses propos « pas très honorables ».

Les langues se délient contre Rama Yade, qui fut longtemps la protégée du président, depuis qu'elle a annoncé, le 7 décembre, qu'elle ne serait pas candidate aux européennes. Sa décision a beaucoup déçu Sarkozy. Son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, a, le premier, donné le ton en déclarant que le secrétariat d'État aux Droits de l'homme était une « erreur ».

Le spectre du remaniement
L'avertissement du chef de l'État ne signifie pas pour autant qu'il a changé d'avis sur Rama Yade. Mercredi, déjà en Conseil des ministres, il avait encore répété qu'il « vaut mieux être candidat et perdre que ne pas être candidat du tout »

Très remonté, le président a terminé ce dernier Conseil des ministres de l'année en évoquant… le remaniement ! Une première dans une telle enceinte. « Je ferai des réajustements ministériels dans l'hiver ou au printemps. Mais vous n'avez rien à craindre. Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année », a-t-il conclu sur un ton pas vraiment rassurant. Le prochain Conseil des ministres aura lieu le 5 janvier. D'ici là, les membres du gouvernement vont pouvoir profiter de leurs vacances. Contrairement à l'année dernière, le président ne leur a pas demandé de venir à l'Élysée le 31 décembre pour écouter ses vœux aux Français.

Bruno Jeudy
Le Figaro
19/12/2008

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