Tuesday, May 12, 2009

***"Le Grand Paris ? Une idée de Napoléon III "***

***Au fil du temps, la capitale a subi de grands bouleversements. L'éclairage de l'historien et économiste Patrice de Moncan.

Vous venez de publier une nouvelle étude sur la propriété à Paris. En dix ans, la donne a-t-elle été bouleversée ?

En réalité, on observe la même évolution depuis l'après-guerre : la baisse de l'unipropriété et la montée en puissance des copropriétaires et de la ville de Paris.

Après la crise de 1991, les banques, elles, ont beaucoup revendu et ne possèdent plus grand-chose. Tout comme l'Eglise et les congrégations religieuses.

Pourtant, on a cru assister, ces dernières années, à un vrai changement, entre le désengagement de l'Etat et le scandale soulevé par les ventes à la découpe.

Il en faut beaucoup plus pour transformer la capitale. La vente à la découpe ne représente rien à côté des 1,3 million de logements parisiens et l'Etat ne possède que 2 % des immeubles. Non, la dernière vraie révolution est déjà ancienne, puisqu'elle date du début des années 1950.

Jusqu'alors, en effet, on était soit propriétaire d'un immeuble, soit locataire. Les personnes physiques possédaient à elles seules 90 000 édifices sur les 100 000 existants ! Au lendemain de la guerre, tout a changé : beaucoup de logements sociaux ont été construits et la démocratisation du crédit - qui a suivi la création de la copropriété en 1930 - a encouragé les Parisiens à acquérir leur logement.

Comment imaginez-vous l'évolution de Paris dans les prochaines années ?

Les grandes tendances se poursuivront. L'unipropriété disparaîtra peu à peu, la copropriété continuera à croître et la ville poursuivra ses achats pour offrir plus de logements sociaux.

Le projet du Grand Paris ne va-t-il pas tout bousculer ?

Le Grand Paris ? C'est Napoléon III qui y a pensé le premier ! Il imaginait la capitale s'étendant jusqu'à Saint-Germain-en-Laye, à l'ouest, et à Marne-la-Vallée, à l'est.
Mais le baron Haussmann a freiné les ardeurs du souverain. Il avait déjà fort à faire : lorsqu'il a créé son "Paris ", il a dû se battre contre les villes voisines, comme Auteuil, Passy ou Les Batignolles, qui refusaient d'être annexées. Son combat pour les intégrer lui a pris dix-sept ans ! Alors, selon moi, le Grand Paris n'est pas pour demain...

Propos recueillis par, Corinne Scemama,
L'Express
10/05/2009

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