Saturday, September 12, 2009

* Huchon se pose en grand timonier du "vaisseau" Ile-de-France...*

***Cndidat socialiste à un troisième mandat à la tête de l’Ile-de-France, Jean-Paul Huchon met en garde ses alliés écologistes au conseil régional qui présentent des listes autonomes au scrutin de mars : « les Verts régionaux ne peuvent prétendre incarner « une Troisième force » entre le PS et l’UMP.

Dans votre déclaration de candidature, sur votre site, vous affirmez que la Région doit être un " bouclier social " contre la politique du gouvernement . Vous personnalisez à outrance votre campagne. Hors Huchon, point de salut ?

Nous sommes en crise, c'est la raison pour laquelle je me suis décidé à me représenter. Il faut, à la tête de la Région, quelqu'un qui a la capacité de rassembler, l'expérience et encore de l'énergie. Je crois être de ce point de vue quelqu'un de rassurant. Je pense, aussi, être le seul à pouvoir relever les trois défis de la Région : l'urgence économique ; l'urgence sociale - 40% de jeunes dans certaines zones de l'Ile-de-France sont au chômage - et enfin l'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut porter ces trois urgences dans une région particulièrement regardée internationalement et qui doit être exemplaire. C'est ce que j'ai commencé à faire. La région doit continuer à être avec ceux qui souffrent et ceux qui avancent. C'est mon slogan.

Au premier tour, ne craignez vous pas que les Verts devancent le PS aux régionales, comme la liste Europe-Ecologie de Daniel Cohn-Bendit aux européennes?

Le face à face Huchon-Pécresse aura lieu. Une élection régionale n'a rien à voir avec des européennes. Aux européennes, ce n'est pas tant les classes moyennes qui ont voté Verts. Une grande partie de l'électorat populaire et même les petits cadres ne se sont pas rendus aux urnes. C'est cette partie de la population qui devrait normalement considérer que le PS est apte à les représenter. Pour qu'elle aille voter en mars, le PS doit fédérer la gauche et ensuite essayer d'élargir son assise.

Le score d'Europe- Ecologie aux européennes ne vous conduit donc pas à mettre davantage l'accent sur l'urgence écologique ?

Nous devons avoir à l'esprit les trois urgences que je rappelais à l'instant. Je rappelle, au passage, que c'est moi qui ai lancé le " plan de mobilisation pour les transports " en Ile-de-France, repris intégralement par le gouvernement dans son projet du Grand Paris. L'Ile-de-France a été également la première Région à financer les nouvelles énergies solaires et géo-thermiques.

Comment prendriez-vous le virage d'une croissance un peu différente ?

C'est une question que je me pose depuis longtemps. Avant d'être au PS, j'étais au PSU (Parti Socialiste Unifié) avec Michel Rocard. Le PSU a été le premier parti à poser le problème de l'exigence écologique. Quand nous avons fusionné avec le PS, je présidais le forum sur un nouveau modèle de croissance et de développement. C'était l'époque de René Dumont et de Brice Lalonde. Les Verts n'existaient pas encore.

Qu'est-ce qui vous distingue des Verts à la Région?

Nous sommes dans une logique différente : je me sens une responsabilité vis-à-vis des Franciliens. Je ne suis pas là pour faire des déclarations politiques qui me font plaisir ou pour avoir des positionnements tactiques. Je suis là pour faire avancer les dossiers, négocier avec l'État qu'il faut convaincre d'accepter de financer notre politique et avec qui il faut parfois passer des compromis.

La candidature de Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts à la présidence de la Région ne change-t-elle rien pour vous ?

Pas grand chose. La question est de savoir à qui on confie les clés d'un énorme vaisseau à la fois budgétaire, technique et qui régit la vie quotidienne. Les Verts font un pari : être en concurrence avec le PS pour devenir le premier parti à gauche, c'est leur problème. Mais leur objectif ne peut pas être de construire une "Troisième force" indépendante de la droite et de la gauche. C'est une question qui se pose peut-être à Cohn-Bendit et Europe-Ecologie mais qui ne peut pas se poser aux Verts que je connais... J'ai travaillé dix ans avec eux et ils n'ont jamais pris des positions contradictoires avec les miennes. Les Verts sont à gauche. C'est tout de même assez clair !

Valérie Pécresse, candidate de l'UMP compte bien tirer profit de la division Verts-PS…

Qu'on ne compte pas sur moi pendant la campagne pour faire le moindre dérapage ! Cela dit, ceux qui me connaissent bien ne me trouvent pas toujours absolument gentil. Je ne suis pas seulement un nounours (rires). Mais j'aime les gens.

Forte de la taxe carbone et du Grenelle de l'environnement, Mme Pécresse n'a-t-elle pas plus de chances d'attirer une partie de l'électorat sensible à l'écologie ?

Que Nicolas Sarkozy veuille apparaître comme un écologiste c'est son problème. Chirac avait déjà commencé... En revanche, Mme Pécresse ne s'est jamais intéressée aux questions environnementales ni même d'ailleurs à la gestion de la région où elle a assez peu siégé. Par ailleurs, le projet de Grand Paris dont elle se réclame dans sa campagne – et qui est porté par Christian Blanc, le secrétaire d'État à la Région capitale – tourne le dos à l'esprit du Grenelle.

Pour construire son grand métro en rocade, M. Blanc prévoit, dans le projet de loi en préparation, de réduire les délais de la concertation, ce qui limitera les recours possibles liés à la défense de l'environnement. M. Blanc est un bâtisseur, un bétonneur. Il a une volonté d'urbaniser à tout craint pour financer son projet. Ce qu'il veut c'est de l'argent pour le développement économique. Quand il prévoit de préempter 35 000 hectares, le long du futur trajet du métro, cela devrait faire peur à tous ceux qui se souviennent des affaires financières liées à la spéculation immobilière.

Enfin, il n'est pas du tout certain que le tracé, en forme de "grand huit", de son métro qui passe, en partie, dans les champs de patates soit ce qu'attendent les franciliens. Tout les élus le disent, et y compris Gilles Carrez, député (UMP) du Val-de-Marne, chargé par François Fillon de trouver le plan de financement de 35 milliards d'euros pour le Grand Paris : le seul "plan" pour les transports qui tient la route c'est celui que j'ai proposé à la Région.

Béatrice Jérôme
LEMONDE.FR
12.09.09

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