Monday, December 28, 2009

*Vaste offensive antidrogue dans le «grand Paris»...*


gd_paris_logo_200.jpg

***Plus de quarante opérations coup-de-poing ont été réalisées par la Préfecture de police au cours du mois écoulé.
À l'approche de la fin d'année, la Préfecture de police de Paris passe à la vitesse supérieure dans sa guerre contre la drogue. Selon une note interne obtenue par Le Figaro, pas moins de 44 opérations liées à la vente et l'importation de stupéfiants ont ainsi été menées dans le grand Paris pour la seule période du 23 novembre au 6 décembre.

Très variées, ces diverses «descentes» illustrent les multiples facettes de ce fléau qui compliquent encore la tâche des forces de l'ordre. Ces opérations ont permis l'interpellation de 69 suspects et la saisie de 89,3 kg de cocaïne, 4,4 kg d'héroïne, 48,3 kg de résine de cannabis, d'herbe ou encore de Subutex en tablettes et cachets. Un pactole de 222 630 euros a été découvert chez un revendeur de la cité Curial dans le XIXe arrondissement. Parmi les 69 personnes interpellées : trois trafiquants colombiens qui venaient d'importer de la cocaïne par dizaines de kilos, un passager en provenance d'Asie lesté de trois kilos d'héroïne mais aussi un petit revendeur habitant Pierrefitte-sur-Seine arrêté pour homicide involontaire par overdose.

Dès juillet 2007, le préfet de police, Michel Gaudin, avait donné instruction à la police judiciaire, à la direction du renseignement et à la police d'agglomération de dresser en commun un état des lieux très précis. La capitale était en passe de devenir un vaste supermarché, soutenu par un jeune Parisien sur six affirmant alors fumer plus de 10 «joints» par mois, pour un budget moyen de 80 euros ! La cocaïne confirmait sa démocratisation, marquée par un net rajeunissement des usagers : 11 % des «sniffeurs» de poudre interpellés ont entre 16 et 20 ans. Sous le pilotage du 36 Quai des Orfèvres, tous les services répressifs ont mutualisé leur savoir-faire pour collecter des renseignements opérationnels, occuper le terrain, identifier dealers et caïds et remonter des filières d'approvisionnement à travers l'agglomération parisienne.

«Nous nous sommes tous réunis autour d'une table afin de définir des zones d'actions prioritaires avant de mener bataille quartier par quartier, numéro de rue par numéro de rue, rappelle Christian Flaesch, directeur régional de la police judiciaire. Des agents des impôts ont été affectés dans tous les secteurs afin de mener en parallèle des enquêtes patrimoniales : quand il y a une interpellation, nous devons être en mesure de connaître aussitôt la surface financière du suspect.» Depuis deux ans et grâce à la forte implication du parquet de Paris, des dizaines de secteurs ont ainsi été réinvestis, à commencer par les XIVe, XVe, XVIIe, XIXe ou encore XXe arrondissements parisiens ainsi que certaines cités de banlieue.

«Le plan drogue parisien a été généralisé et mis en cohérence à l'échelle de l'ensemble de l'agglomération, a rappelé Michel Gaudin devant le conseil de Paris le 15 décembre dernier. Cette nécessité n'est pas abstraite : le double homicide commis la semaine passée dans le IXe arrondissement a touché deux résidants de la commune de Stains connus pour un passé chargé en matière de stupéfiants. Plus d'un an après les faits, nous venons aussi d'interpeller l'auteur d'un meurtre par arme à feu commis dans le XVe arrondissement : là encore, il s'agissait d'un règlement de compte lié à un trafic de drogue, l'auteur résidant cette fois-ci dans le XIXe arrondissement de Paris…»

Soucieux de tordre le cou à «l'économie souterraine» et son «cortège de désordres sur la voie publique, dans les cours ou dans les halls d'immeubles», le préfet de police a aussi prôné devant les conseillers une «approche préventive destinée à agir sur la consommation de produits». Il a déploré que la «France se situe à un niveau parmi les plus élevés en Europe, alors que les risques pour la santé et l'intégration sociale des jeunes sont loin d'être négligeables».

Symbole fort s'il en est, la Préfecture de police a récemment organisé, aux côtés du rectorat et du parquet, une semaine de prévention dans l'enceinte de la Sorbonne. L'occasion de rappeler que quatre millions de Français fument des «joints» et qu'un record de 74 tonnes de résine a été saisi l'an dernier à Paris.

Christophe Cornevin
Le Figaro
28/12/2009

No comments: